Ma concierge est une femme de lettres...
je me pique de le savoir !
A force d'entendre chanter les louanges du best-seller de l'été L'élégance du hérisson de Muriel Barbery , j'ai fini ( péniblement) par le lire .
Deux récits s'entrecroisent dans ce roman : le journal d'une concierge, Madame Michel , femme aigrie et celui de Paloma, une gamine immodeste de 12 ans. L'une cache sous ses abords revêches des trésors de culture , l'autre est une pauvre fille de riche et qui plus est surdouée .
Deux intelligences exceptionnelles mais sans coeur qui vont se nouer d'amitiè .
Le récit est émaillé de reflexions philosophiques ( ennuyeuses*) des deux héroines et de sentences définitives voire arrogantes sur la beauté, l'art et leurs semblables . Il dresse le tableau des habitants du 7 rue Grenelle fait de clichés et de caricatures : les riches sont coincés et méchants , les mères de famille en analyse permanente et shootées au prozac, les enfants de riches dégénérés, les gens modestes sont gentils, les occidentaux ne se fient qu'au paraître, alors que le nouveau locataire japonais du cinquième , Monsieur Ozu , sait voir la richesse des deux héroïnes, le prince charmant amoureux du laideron mais qui a l'élégance du hérisson : à l'extérieur, elle est bardée de piquants, une vraie forteresse, mais j'ai l'intuition qu'à l'intérieur, elle est aussi simplement raffinée que les hérissons, qui sont des petites bêtes faussement indolentes, farouchement solitaires et terriblement élégantes.
La concierge du 100 bis Cours Gambetta a une élégance rare : elle nous offre le café dans des jolies tasses de porcelaine sur un plateau orné de fleurs de son jardin , elle porte toilette pour aller aux thés dansants , elle n'aime pas les sushis mais elle espère rencontrer un gentil garçon pour plus si affinités...
* Lire en beaucoup plus drôle L'élégance d'un autre hérisson ...
Mamz'Elle
le 24.08.07 à 12:12
dans Les héros imparfaits.
-
Article précédent - Commenter - Article suivant -
Commentaires
les gants du porc-épic
Chère amie, merci de m'éviter un achat inutile.
Pour la culture et les hérissons, j'ai le jardin potager dont je suis la concierge aux pieds boueux.
Mauricette Beaussart - 24.08.07 à 17:33 - # - Répondre -
← Re: les gants du porc-épic
Vous au moins vous ne l'étalez pas votre culture potagère :-)
MamzElle - 25.08.07 à 08:13 - # - Répondre -
Mam'zelle... ainsi, les livres qu'il faut avoir lu ne seraient pas forcément ceux qui font du bien ? Pour ma part, j'en suis de plus en plus convaincue. Tu vas peut-être me trouver présomptueuse, mais pour le choix d'un livre, je fais de plus en plus confiance à l'instinct, au hasard, à l'intuition, aux questions qui me traversent sur le moment. Je ne sais pas si c'est la meilleure façon de lire ; en tout cas, cest celle qui m'apporte le plus.
Mais une commune amie (Martine) lisait elle aussi ce livre pendant ces vacances et en tirait grand plaisir : alors, toutes deux, paradoxalement, me donnez envie de le lire :-)
(Je me demande ce qui est préférable : un chien stupide ou un hérisson élégant ?)
Bibi - 25.08.07 à 20:14 - # - Répondre -
← Re:
Le chien stupide ( de J.Fante) est hilarant et amoral , l'hérisson pour élégant qu'il soit n'a pas été jusqu'a bouleverser l'ordre moral des choses ...la concierge est enfermée dans un stéréotype de concierge ( vieille et moche), j'aurai préféré une concierge en roller, militante green peace , folle de latex ou princesse slave déchue ou alors qu'Ozu lui apprenne le kamasutra plutôt que de l'initier aux sushis ou alors les deux ...un peu d'immoralité n'aurait pas nuit à la poèsie des personnages .
MamzElle - 26.08.07 à 08:24 - # - Répondre -
← Re:
Ce matin justement, j'ai repensé à ce que tu as écrit au sujet de ce Japonais du livre, supposé donc plus perspicace et plus humain (dis-moi si je me trompe) : je lisais l'introduction au Petit manuel pour écrire des haïkus, par Philippe Costa himself, où il dynamite les clichés transmis par la "mystification japonolâtre" chère aux occidentaux. Ce n'est pas très tendre. Mais il rappelle en particulier qu'il n'existe pas de philosophie japonaise (les auto-ethnographes japonais le disent eux mêmes) et que leur grande sensibilité supposée à la nature n'existe pas dans les faits (ils seraient les plus grands éco-bandits du monde). Bref, il dresse un constat dur...
Alors, l'élégance du hérisson victime de la "japoniaiserie" (est-ce un thème majeur du livre ?) ?
Bibi - 26.08.07 à 10:36 - # - Répondre -